Synthèse des résultats de l’action "Nourriceries"
Treize campagnes de chalutage dans deux nourriceries
Les juvéniles de bar se développent dans des nourriceries côtières, et principalement en secteurs estuariens, durant leurs 2-3 premières années de vie. Ils gagnent ensuite les zones d’engraissement également colonisées par les adultes à la belle saison (avril/décembre). Les bars deviennent adultes à un âge compris entre 3 et 7 ans selon les individus. Ils se reproduisent alors en hiver, en se regroupant en grand nombre au sein de frayères, généralement situées au large.
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L’objectif premier de l’action « Nourriceries » de Bargip a été de développer un protocole pour produire des indices annuels d’abondance pouvant servir à la gestion de la ressource, notamment par les Groupes de travail sur le Bar au sein du CIEM. Pour cela, 13 campagnes de chalutage, pour un total de 57 jours de mer, ont été menées entre mi-2014 et fin 2016 dans deux nourriceries pilotes (estuaires de l’Aulne en rade de Brest et de la Loire).
La mise au point du chalut
La première étape a consisté à dessiner, puis tester et mettre au point un chalut adapté à la capture des juvéniles de bar dans les nourriceries estuariennes. Les bars sont des poissons rapides, capables d’importantes accélérations pour éviter un chalut. Il s’agissait de concevoir un chalut le plus grand possible, tout en restant manœuvrable à partir d’un navire professionnel d’une dizaine de mètres et d’une puissance de 150/200 cv, et ce avec un tirant d’eau suffisamment réduit pour accéder aux secteurs peu profonds des parties les plus en amont des estuaires.
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Le choix final, après simulations sur ordinateur et réunions d’échanges avec les professionnels participant au projet, a porté sur un chalut à Grande Ouverture Verticale (2,30 m) et de 7 mètres d’écartement horizontal. Ce chalut est doté de mailles dégressives, de 120 mm étirées à l’ouverture jusqu’à 18 mm étirées dans le cul de chalut, afin de posséder une capacité de filtration élevée tout en permettant de capturer de très jeunes juvéniles (à partir de 4-5 cm de longueur).
Les opérations de réglage de ce chalut se sont achevées fin 2014. Elles ont nécessité l’utilisation de capteurs d’écartement de panneaux et de mesure de l’ouverture verticale du chalut. Le chalut est aujourd’hui réglé pour être tracté à une vitesse de 3.5 nœuds, et pour rester pleinement efficace dans les petits fonds (entre 2,5 et 10 m) qui constituent les habitats préférentiels des juvéniles de bar.
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Salinité et faible profondeur caractérisent les habitats des plus petits bars
A partir de 2015, des tests ont été menés afin d’optimiser le protocole d’échantillonnage des juvéniles de bar : durée optimale des traits, chalutages de jour ou de nuit, avec ou contre le courant, par rapport au cycle des marées, selon la saison…
Une fois le protocole défini, et l’ensemble des moyens opérationnels indispensables acquis, les campagnes de pêche de 2015 menées dans l’Aulne en rade de Brest et de 2016 menées en estuaire de Loire ont alors permis de :
- caractériser l’habitat que constitue une nourricerie à juvéniles de bar, avec comme variables explicatives majeures de la répartition des juvéniles la salinité, et dans une moindre mesure, la bathymétrie.
- confirmer l’étagement des différentes classes d’âge au sein de l’estuaire : les plus jeunes juvéniles, nés dans l’année (« G0 », i.e. individus du groupe zéro) ou l’année précédente (« G1 ») se cantonnent dans les parties les plus amont, c’est-à-dire les plus dessalées, et les moins profondes de l’estuaire. Les individus plus âgés, des groupes G2 et G3 colonisent peu à peu l’ensemble de l’estuaire, jusqu’à acquérir un comportement proche de celui des adultes à partir de l’âge G4, et ne sont alors plus inféodés à l’estuaire, mais simplement à la zone côtière (« zone d’engraissement ») durant la belle saison.
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- produire des indices d’abondance en juvéniles de bar suffisamment précis pour pouvoir être utilisés en tant qu’outils de prévision des recrutements futurs, c’est-à-dire de répondre à la question : quelle sera l’importance des flux de jeunes adultes qui, en atteignant la taille minimale de capture, vont devenir exploitables dans 2 à 4 ans.
Concernant les autres espèces peuplant les estuaires, ces campagnes ont également permis leur échantillonnage, et donc, tout comme pour le bar, la production d’indices d’abondance, ou de données biologiques indispensables à la para métrisation des modèles d’évaluation d’état des stocks (courbes de croissance, relations taille/poids, ogives de maturité…).
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Conclusion
Une proposition de réseau de suivi, englobant les trois estuaires majeurs de la Seine, la Loire et la Gironde a été formulée. Ce réseau qui devrait être initié à partir de 2018, permettra de produire les indices d’abondance spécifiques attendus pour la gestion de la ressource.
Des indices écosystémiques permettant de suivre l’évolution de la diversité et de la richesse des peuplements démersaux et pélagiques des espaces estuariens soumis à de fortes contraintes anthropiques pourront aussi être produits. Ils seront un complément des suivis en cours menés dans le cadre de la DCE-Masses d’eau de transition, pour lesquels des échantillonnages sont également réalisés dans ces estuaires, mais au chalut à perche, chalut qui permet un suivi des espèces benthiques (posées au fond), mais pas des espèces démersales ni pélagiques.Les synthèses des actions conduites durant le projet et les principaux résultats obtenus figurent dans le rapport final « Bargip Nourriceries » téléchargeable sur : http://archimer.ifremer.fr/doc/00379/48987/